Fuel Apocalypse c'est quoi?

Le monde de Fuel Apocalypse ou F.A. pour les intimes est votre monde. Votre bonne petite terre, une fois que l'on en aura pompé toutes les réserves naturelles.

Et autant vous le dire tout de suite ce ne sera pas beau à voire !

Croyez moi, à l'époque ou l'or noire commençait à manquer, les accords de paix ont vite sautés. S'il y avait aujourd'hui des historiens il parleraient surement de troisième guerre mondiale... Mais pour nous c'est le Fuel Apocalypse.

C'est le monde où on vit, un monde où on tue pour une goute d'essence. Pour un oui ou pour un non ! Ce monde c'est celui de F.A. !

Et putain mon ami, qu'es ce que j'aime ce monde!

22/07/2012

Episode 7 : Mise en bouche


6 mai 2152, entre 22h et 00h, Shamrock (Texas)


Je me présente, je suis monsieur X, et c'est moi qui vous servirai de guide et d'interprète dans cette folle histoire où s'entremêlent les destins d'individus dors et déjà perdus, entrainés par la chute de leur époque. Accrochez-vous, je vous embarque avec moi vers la décadence, un aller simple sans aucune chance de retour.


Il y a une trentaine d'années en arrivant par la mythique route 66 on aurait pu lire un panneau:
« Welcome to Shamrock
Population 51.201 »

Maintenant l'accueil est assuré par un tas de véhicules carbonisés. Une muraille encerclant la ville, aussi bien pour la protéger des rôdeurs que pour y maintenir confinée la déchéance. Cette muraille est percée de postes frontière, comme pouvait l'être le mur de Berlin des années avant sa chute, tous étroitement gardés. La milice privée de l'un des clans influents de la région se charge de cette tache avec un zèle déconcertant. La règle est simple, si tu as de quoi payer tu peux rentrer. Mais une fois à l'intérieur tu n'es pas plus en sécurité, tout est permis tant que ça ne trouble pas les intérêts des différents clans. Dans le cas contraire un milicien se fera une joie de t'écraser le crâne.


Si on devait résumer Shamrock, on parlerait d'abord des nuages de fumée noire que déverse continuellement la pseudo-raffinerie encore en état de marche. Puis viendraient ses innombrables bars, tripots et bordels en tout genre et plus douteux les uns que les autres. Et enfin, pour finir, l'insalubrité de ses ruelles, l'insécurité effervescente de ses entrailles. Shamrock est pourrie de l'intérieur, elle est perdue comme toutes les villes où il reste une activité humaine, si on peut encore l'appeler ainsi.


Mais ce soir c'est à un bordel en particulier que nous allons nous intéresser, le bordel où tout commença pour nos personnages, je suis sûr que vous avez deviné du quel je veux parler. Oh, oui, ce soir nous allons poser nos valises au GazolineDolls.


En cette soirée du 6 mai 2152, l'ambiance y était pesante. L'air chargé d'électricité n'annonçait rien de bon. La tension était palpable, elle plongeait la salle dans une anxiété tonitruante. Personne ne bougeait, mais tous se regardaient en chiens de faïence. Tous savaient que quelque chose aller se passer mais pour le moment ils se contentaient de s'observer en ce demandant lequel allait tout déclencher ou lequel serait le premier à réagir au moment venu. Les filles étaient nerveuses, elle sursautaient à chaque claquement de porte, au moindre courant d'air. Le bordel se figeait, la respiration coupée à chaque fois qu'un nouvel arrivant franchissait le seuil, comme si d'un instant à l'autre un démon allait le franchir à son tour. Plus le temps passait plus l’air devenait moite et se chargeait d’une odeur suffocante, on aurait pu se croire en enfer avec des remontées olfactives de cadavres en décomposition mélangées à la sueur des condamnés. Et en effet ce soir tous seront jugés et condamnés.


Une rumeur ne mit pas longtemps à courir. Elle se propagea dans Shamrock comme une traînée de poudre. Ce soir Jill ferait une représentation unique. Et une telle rumeur ça attire du monde, tout les bras cassés de Shamrock avaient accouru, comme des junkys autour d'un tas de came. Et en effet la représentation sera unique mais ce ne sera pas celle à laquelle on s'attendait, ce ne seront pas les cuisses dénudées de la belle Jill qui déclencheront des sueurs froides à notre public.


L'atmosphère était déjà à son paroxysme quand Eraserhead se mit à jouer. Le flot de trashindustrial que déversait le groupe dans les tympans des clients du GazolinDolls eut l'effet d’un électrochoc. Dès les premières notes la foule est venue se fracasser contre les grilles de la cage dans laquelle jouait le groupe. Le sol tremblait sous les pulsations endiablées de la musique et du public. Le bordel n'avait jamais connut une telle frénésie. Ce soir plus rien n'avait d'importance, drogues alcool et armes circulaient dans tous les sens: on aurait pu se croire revenus au début de l'apocalypse quand tout commençait à partir en vrille. Au moment où Jill monta sur scène le ramassis de raclures venu assister au spectacle s'était transformé en une énorme masse frémissante, se déplaçant comme un seul élément.


Mais quittons la scène pour nous intéresser à une autre partie du bordel. Une dizaine de minutes avant l'entrée de Jill sur scène, un élément non négligeable dans les événement de ce soir avait fait son entrée. Ce n'était pas un démon, quoi que, qui avait franchie le seuil du GazolineDolls mais un groupe de motards à l'allure plutôt poisseuse. Plus crades et immondes les uns que les autres, tout droit sortis d'un bain de poussière. Leur signe distinctif : des tatouages et des piercings. Vous me direz que ici c'est monnaie courante mais un de leurs tatouages les distinguait. Une enorme tête de mort avec un chiffre sur le front étaient tatouées sur le torse de chacun. Ils l'exhibaient fièrement avec leurs blousons de cuire usé jusqu'au trognon ouvert sur leur torse bestial et dégoulinant d'un mélange de poussière et de sueur. Cette mauvaise troupe était une habituée du GazolineDolls et avait plusieurs fois fait affaire avec Bill, elle passait tout les deux trois mois. Ici tout le monde les connaissait et tous en avaient peur. Leur chef avait une réputation qui n'était plus à faire: crimes en tout genre, torture, viol, meurtre et j'en passe, un pur psychopathe sanguinaire qui tuerait père et mère si il ne l'avait pas déjà fait juste pour se divertir. Un concentré d'hyper-violence appelé Arxe, que plus d'un à Shamrock voudrait voir mort, malheureusement personne n'osera jamais lever la main sur lui de peur des représailles. Mais ce soir le GazolineDolls accueillait deux nouveaux dans son entre: l'inconnu à la capuche installé au comptoir, qui n'avait toujours rien commandé et ce type qui venait depuis une semaine s'installant toujours à la même place pour voir le show de Jill.

Dès leur entré monsieur «une semaine» les dévisagea et un rictus de dégout apparu^t dans la foulée sur son visage jusqu'alors inexpressif. Alors que depuis qu'il venait s'assoir à cette table branlante il paraissait perdu dans ses pensées, ce soir il ne quittait plus des yeux Arxe et ses drouguises. Déjà la joyeuse troupe commençait à faire des siennes, les filles ne les aimaient pas trop et pour cause, plusieurs étaient violents avec elles et c'étaient de gros porcs dans tous les sens du terme. Un d'eux s'était déjà amouraché d'une des serveuses en jarretelle et fit valdinguer le plateau qu'elle portait en l'attrapant pour la peloter, scène qui fit rire tout le monde excepté elle et le client qui reçut le plateau sur la tête. Une grosse partie de la bande s'était installée au comptoir et ils y buvaient tous leur sous. Ce qui était remarquable dans cette époque de désolation c'est qu'on avait beau être habitué à l'alcool, l'éthanol frelaté qu'on servait dans ce genre d'établissement explosait inlassablement la tête en deux ou trois verres. L'état de ces énergumènes allait en empirant, seul Arxe resté lucide, lui avait sentit, on ne trompe pas un vieux loup, il savait que ça aller merder et ça le mettait en joie.

Et ce qui devait se produire se produisit. Un des motards, complètement déchiré, vient bousculer l'inconnu à la capuche. Celui ci ne bougea pas d'un cil dans un premier temps, mais l'alcool aidant, le drouguise d'Arxe revient à la charge demandant des excuses comme si c'était lui qu'on venait de bousculer. A quoi pensât-il quand aussitôt dit aussitôt fait, il se retrouva en guise d'excuse avec les deux énormes bouches, noires et profondes, d'un canon scié devant les yeux? Ça on ne le saura jamais il n'eut pas le temps de fermer une dernière fois les paupières, que sa cervelle s'écrasait contre son pote juste derrière. Juste après l'énorme détonation du coup de feu, qui couvrit même les slaves musicales de Eraserhead , le silence fut total, seul le bourdonnement des dernières notes retombait lentement. Le bordel s'arrêta de vivre le temps d'une respiration qui dura une éternité pour tout le monde. L'inconnu à la capuche ne semblait pas bouger, le bras tendu, brandissant le canon scié qui venait de vaporiser le crâne du pauvre homme. De la fumé s'échappait des deux canons et du reste de tête, le corps glissa lentement, seul mouvement de tout le bordel Puis lorsqu'il toucha le sol tout s'accéléra et repartit de plus belle.