6 mai 2152 , 23h32min , Shamrock (Texas)
Cet homme c'est lui, j'en suis sûr.
C'est lui celui que je recherche depuis tout ce temps. Lui qui a
détruit ma vie et ma famille. Ce monstre est là sous mes yeux,
comme si de rien n'était. Il se pavane avec ses hommes comme si rien
ne pouvait l'atteindre. Mais ce soir il a croisé ma route et je vais
lui faire regretter. Il y a douze ans il débarquait chez moi et
massacrait ma famille, me laissant pour mort dans le brasier de ma
maison. Mais le destin a voulu que je m'en sorte pour me venger et
rendre justice. Et aujourd'hui après douze années à sillonner les
routes à sa recherche voilà qu'il débarque dans ce bar. Ce bordel
où chaque soir la réincarnation de ma bien aimée monte sur scène,
la coïncidence est trop grande pour que ce soit le fruit du hasard,
le destin a voulu que ce soit ce soir.
Attendre le bon moment pour agir pour
être sûr de ne pas le louper. Ne pas le quitter des yeux et
attendre le moment idéal. Il se dirige vers le comptoir, discute
avec le barman.
Boum le coup de feu retentit comme le
signale. Un homme vient de réduire en charpie la tête d'un autre.
Agir tant que la confusion règne. D'une main j'attrape le rebord de
la table, de l'autre je saisis mon revolver dans le holster sous ma
veste. D'un même mouvement je sors mon arme et reverse la table. Je
lève mon arme dans la direction de l'homme, calme ma respiration,
prends trois secondes pour viser et tire une première fois, puis une
seconde. Mais ce salaud était rapide et lui aussi n'avait pas
attendu pour réagir, déjà il se jetait derrière le comptoir. Mon
premier tir lui toucha le bras droit, lui faisant perdre l'équilibre
et chuter derrière le comptoir. Putain je l'ai loupé. Ce connard
s'est mis à l’abri.
Et maintenant le reste de la salle
commence à réagir, des tirs commencent à partir dans tous les
sens, changement de tactique. Il ne sert plus à rien d'utiliser un
revolver, je n'aurai pas assez de cadence de tir pour sortir de là.
Se mettre à l’abri, ranger le revolver et sortir mon fusil
d'assaut. La table ne pourra pas me protéger longtemps. Un type
dégaine son flingue juste en face de moi, il me regarde. Je l’abats
sur le champs avant qu'il n'ait pu tirer. Cette soirée va être
dure, le bordel est déjà en feu, on se croirait retourné lors des
combats du grand effondrement. Le chaos prend petit à petit place.
Les hommes s'entretuent sans raison, et celui qui est ma cible depuis
douze ans vient de se mettre à l'abri. Il ne faut pas qu'il s'en
sorte, je dois l'avoir quel qu’en soit le prix, cela fait trop
longtemps que je suis à sa recherche.
La table commence à faiblir, il faut
que je bouge rapidement et de préférence en direction du bar.
Vérifier le magasin du fusil, se lever en étant prêt à tirer,
rester à l’affût du moindre danger, un homme me barre le passage,
premier tir, il s'effondre. Un second se retourne, un coup de crosse
et il tombe à la renverse. Le bar n'est plus qu'à une enjambée, se
préparer à sauter. Sauter par dessus le bar en prenant appui sur
une main et de l'autre se préparer à ouvrir le feu sur celui qui se
planque derrière. Personne il a déjà du foutre le camp par la
porte à l'autre bout du comptoir. Je remonte le bar en restant à
couvert. Une jeune fille est là, morte, elle git par terre dans son
sang, ses jarretelles sont remplies de ce liquide visqueux, c'est un
triste spectacle. Je continue mon avancée vers le fond du bar. Un
homme saute devant moi, il a une tête de mort tatouée sur le torse,
sans attendre une seconde je tire, la balle lui traverse la poitrine,
drôle d’ironie, son tatouage aura pris une balle dans la tête.
J'enjambe son corps, il n'est pas tout à fait mort et trésaille
encore un peu. Je lis la peur dans son regard, il ne doit pas avoir
14ans. J'arrive au coin du comptoir, la porte est juste en face de
moi. Je ne sais pas ce que je vais trouver derrière cette porte mais
je n'ai pas le choix il faut que je rentre dans cette pièce.
Je reprends mon souffle et me lance.
J'enfonce la porte prêt à tirer sur tout ce qui pourrait se mettre
sur mon chemin. L’arrière salle est une cuisine des plus
insalubres, un type ouvre le feu à l'arme automatique sur moi
faisant voler des éclats dans toute les directions, des verres, des
casseroles. Je roule sur le coté pour me dissimuler derrière une
vielle gazinière. Les balles fusent dans toutes les directions, il
ne prend même pas le temps de viser, bientôt il sera à court de
munitions et j'en profiterai pour intervenir. Et voilà il n'en a
plus, je me lève, mets mon arme à l'épaule et tire, la balle est
directement allée se figer dans son crâne faisant jaillir sa masse
cérébrale sur le mur derrière lui.
Il n'y a personne d'autre dans la pièce
mais dans la salle principale l'enfer se déchaîne. Il y a une autre
porte dans la cuisine avec du sang sur la poignée, il a sûrement du
passer par là. Ma chasse à l'homme dure depuis tellement longtemps
que je ne suis pas à quelques minutes près.
La porte à peine ouverte qu'une balle
me siffle au dessus des oreilles. Il était là au fond du couloir
tirant du bras qui lui restait. Je me plaque contre le mur pour
éviter d'en prendre une, au même moment un autre type rentre par
l'autre porte et ouvre lui aussi le feu. Je sens une piqûre dans ma
jambe mais pour le moment je dois riposter, la rafale que je tire
touche l'homme à l'épaule. Il perd son fusil automatique mais sort
aussitôt un pistolet. Je lâche mon arme à mon tour pour sortir mon
revolver, je suis plus rapide que lui sur et tire le premier, la
balle lui rentre dans le torse. Malgré l'impact il continue de tirer
mais déjà il tire dans le vide. La piqûre était en réalité une
des balles qui était rentrée dans ma cuisse, putain ça fait un mal
de chien.
Il faut que je recharge mon fusil et il
ne me reste que trois mal dans mon revolver. Je ne sais pas si le
type est toujours dans le couloir ou pas mais il faut que je m'active
si je veux l'avoir. Je tente un coup d’œil rapide, une balle vient
se figer dans le mur juste à côté de moi. Il était toujours là
apparemment et plutôt tenace. Et merde je suis si proche du but et
je suis là avec une balle dans la jambe. Fait chier.
Il faut que je trouve une solution pour
le déloger. Le corps du type que j'ai buté en rentrant dans la
pièce est juste à côté de moi, je le fouille rapidement et trouve
un jeu de grenades. Ni une ni deux, je ne réfléchis pas, j'en prend
une, la dégoupille et la lance dans le couloir et m'éloigne de la
porte.
Une deux trois prouff. Une gerbe de
flammes et de débris sort du couloir soufflant tout ce qui se
trouvait dans la pièce. Je crois qu'il a eu son compte mais je veux
en avoir le cœur net.